La sonde Rosetta a enfin atteint son objectif : la comète 67P

La sonde Rosetta a enfin atteint son objectif : la comète 67P

Elle est européenne, pèse près de 3 tonnes, fonctionne au solaire et se déplace à une vitesse de 55 000 km/h. Il ne s’agit pas d’un nouveau concept de voiture électrique, mais de la sonde spatiale Rosetta, de deux mètres cubes, qui depuis deux jours maintenant vole autour d’une comète à 400 millions de kilomètres de la Terre, et qui a déjà ajouté une nouvelle ligne à notre palmarès scientifique.

Qui est Rosetta ?

2900 kilos, 28 mètres de panneaux solaires, 21 instruments et 1 atterrisseur embarqués, Rosetta est la sonde spatiale européenne de l’ESA (European Space Agency) chargée d’une mission peu banale : se placer en orbite autour d’une comète pour l’étudier. Envoyée dans l’espace en mars 2004, la sonde vient donc d’atteindre son objectif après un voyage de 10 ans et une distance parcourue de 6 milliards de kilomètres.

le voyage de rosetta vers la comete 67P

Pour atteindre la vitesse de 55 000 km/h, Rosetta a utilisé la force gravitationnelle des astres du système solaire

Lancée à plus de 50 000 km/h, Rosetta a effectué plusieurs fois le tour du système solaire, profitant de la force gravitationnelle de ses astres pour atteindre cette vitesse vertigineuse, avant de foncer vers sa destination. Une mission aussi inhabituelle que ces chiffres, puisque les scientifiques et ingénieurs en charge avait décidé, en 2011, de placer la sonde en hibernation, ses panneaux solaires ne recevant plus assez d’énergie du soleil, alors trop éloigné. Un long sommeil de 957 jours au terme duquel, le 20 janvier 2014, la sonde s’était réveillée pour poursuivre sa route.

L’objectif : 67P/Churyumov-Gerasimenko

67P, le but de la mission de Rosetta, est une comète de 4 kilomètres de diamètre filant dans le cosmos. Si, au départ, cette comète n’était pas celle ciblée par l’ESA, c’est finalement sur elle que s’est recentrée toute l’attention de l’agence. Il faut dire que cet énorme caillou a de quoi attirer l’attention : 67P est un véritable témoin de la formation de l’univers, un vestige qui ère dans le vide et recèle, c’est du moins ce que tous espèrent, quelques secrets sur l’origine de la matière et des premiers instants après le Big Bang. Un très vieil invité, donc, qui ne s’est toutefois pas laissé approcher facilement.

La difficulté : se placer en orbite autour de la comète

En mai dernier, Rosetta avait entamé les dernières accélérations et ajustements de trajectoires pour rencontrer la comète au bon moment et à la bonne vitesse. Et le défi était de taille : la force de gravité de la comète est très faible, car de petite taille comparée à une planète. Pour que Rosetta y soit donc sensible et entre en orbite autour de 67P (comme nos satellites sont en orbite autour de la Terre), l’écart de vitesse qui sépare ces deux acteurs se devait d’être le plus faible possible. En début de semaine dernière, Rosetta se rapprochait ainsi de la comète à la vitesse d’un homme qui marche, et mercredi, jour de la rencontre, l’écart n’était plus que de quelques centimètres/secondes.

La difficulté de la tâche était telle que Le Figaro l’a illustrée de la manière suivante : « cela revient à lancer depuis Paris un grain de poussière vers un grain de sable filant à toute vitesse à 1 km d’altitude en espérant qu’ils se rencontrent au-dessus de New York. »

photographie de la comete 67P

La comète 67P photographiée par la sonde Rosetta à 100 km de distance, mercredi 6 août 2014

Et maintenant ?

Si l’on peut croire que le plus dur est fait, ce long périple n’était en fait que le début de la mission de Rosetta. A l’heure actuelle, la sonde s’est stabilisée à 100 km de la comète Churyumov-Gerasimenko, et va maintenir sa position encore quelques jours. Puis, elle va doucement réduire cet écart de moitié jusqu’à n’être plus qu’à 30 kilomètres de l’énorme caillou à la mi-septembre. Durant cette approche délicate (chaque commande envoyée à la sonde met 22 minutes à lui parvenir), les scientifiques étudieront également le champ gravitationnel de 67P.

Un autre challenge débutera alors en novembre 2014 : faire atterrir sur 67P Philae, le petit module embarqué par Rosetta, afin d’en étudier sa composition. Une première dans l’histoire de l’humanité. Une fois posé, ce petit robot devrait multiplier les analyses de la roche vieille de plusieurs milliards d’années. Un travail qui devrait, si tout se déroule bien, se poursuivre jusqu’en décembre 2015. Se terminera alors une incroyable épopée humaine et technique, aux confins de l’espace, qui aura coûté 1,3 milliard d’Euros.

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